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Par Magrat

Le fou commença à descendre l'escalier. Les vieilles marches usées défilaient sous ses pieds. Il était furieux contre le roi. Il se décoiffa et posa son chapeau à clochettes dans une meurtrière. Puis il continua à descendre tout en réfléchissant. Pourquoi avait-il fallu que le roi fasse ça ! Il avait bien commencé, jonglant entre les nobles grincheux, le peuple mécontent et les finances. Pourquoi aller donner... Ding ding ! Des clochettes à ses chaussures ! Le fou arracha ses souliers et les envoya balader avec rage à travers l'escalier. Puis il reprit sa descente. Le roi était mignon, petit. Il le revoyait lors de sa première chasse, à dix ans, engoncé dans des vêtements trop grands. Le plus comique était les gants de cuir qu'il avait insister pour porter. Quelle idée d'aller donner son... Les gants ! Le fou s'arrêta net et dans son élan, fut entraîné par l'escalier qui lui fit descendre quatre ou cinq marches de plus d'une façon qui n'obéissait guère au protocole. Il se raccrocha à la vieille rampe et arracha les clochettes de ses gants qu'il tenta de piétiner avec fureur. Après avoir passé deux trois minutes à sauter sur place en se tenant le pied droit, il maudit toutes les clochettes et reprit sa descente infernale. Le roi n'avait pas d'amour propre, c'était de là que venait le problème ! En fait non, le problème était le mariage entre l'ancien roi et une roturière. La famille était tombée bien bas... Et tout ça à cause de Cupidon ! Et maintenant on allait se retrouver avec un roi qui donnait son... Le fou se cogna la tête sur les marches du dessus. Il avait totalement oublié que ce satané escalier rapetissait. Le bruit résonna, tel un ricanement. L'escalier se moquait. Le fou s'aperçut soudain qu'il tenait toujours son ridicule sceptre à la main, qu'il s'empressa de réduire en miettes. Puis il se massa le crâne et continua à descendre vers la réalité. L'escalier jouait des siennes et continuait à rétrécir : le fou rentra la tête dans les épaules. Ah il avait vécu heureux dans ce royaume. Quel dommage que le roi ait eu cette idée farfelue, quoique compréhensible, ça allait dans l'ordre d'évolution des chose le changement de r... Ding ding. Encore ?! Il se retourna dans tous les sens comme un fou pour trouver les clochettes fautives. Celles-ci se situaient au bout de ses manches. Il les aurait volontiers fracasser, mais il avait encore mal au pied droit. Aussi se contenta-t-il de déchirer ses manches avec fureur. L'escalier arriva à sa fin, le fou échangea ses vêtements contre une tunique en toile de jute qui restait toujours là. Puis il longea un long, très long couloir et remonta une volée de marches. Il entrouvrit ensuite discrètement la porte en bois vermoulu qu'il venait de déverrouiller. Ne voyant personne il se glissa dans une rue sinueuse qu'il suivit jusqu'au bout, et déboucha sur une place noire de monde. Le roi était sur une estrade, il finissait une phrase :
"... et j'ai donc l'honneur de vous annoncer que vous allez pouvoir élire votre premier président ! ".
Le fou n'avait pas besoin d'en entendre davantage. Il tourna les talons et partit plier bagages. Quelle idée d'aller donner son pouvoir à je-ne-sais-quel-imbécile ! La démocratie ! Pfffiou, du vent tout ça, ça n'avait jamais marché. C'est censé marcher tout seul, non pire c'est censé marcher grâce au peuple !!! Ridicule, la royauté ça, ça avait fait ses preuves au moins !