A quelque distance des buissons où Nounou Ogg communiait avec la nature, un lac paressait sous le ciel d'automne. br>
Parmi les roseaux, un cygne se mourait. Ou devait se mourir.
Mais il y avait un hic imprévu.
La Mort s'assit sur la berge.
" BON, ECOUTE, fit-il, JE CONNAIS LA PROCEDURE. LES CYGNES NE CHANTENT QU'UNE SEULE FOIS, MERVEILLEUSEMENT, AVANT DE MOURIR. D'OU L'EXPRESSION "CHANT DU CYGNE". C'EST TRES EMOUVANT. BON, NOUS ALLONS DONC REPRENDRE..."
Il sortit un diapason des replis obscurs de sa robe et en frappa un coup sur le flanc de sa faux.
" JE TE DONNE LA NOTE...
- Uh-uh, refusa le cygne en secouant la tête.
- POURQUOI FAIRE AUTANT D'EMBARRAS ?
- Je me plais bien ici, répondit le cygne.
- CA N'A RIEN A VOIR.
- Savez-vous que je peux casser le bras d'un homme d'un coup d'aile ?
- ET SI JE T'AIDAIS A COMMENCER ? EST-CE QUE TU CONNAIS LE CLAIR DE LUNE DE STO HELIT ?
- C'est de la chansonnette, ça ! Je suis cygne, moi, figurez-vous !
- LE PETIT VIN BLANC " La Mort s'éclaicit la gorge. "AH, LE PETIT...
- C'est un chant ça ?" Le cygne siffla de colère et se balança d'un pied excédé sur l'autre. "Je ne sais pas qui vous êtes, mon bravve, mais là d'où je viens, on a meilleur goût en musique.
- AH BON ? SERAIS-TU ASSEZ AIMABLE POUR ME DONNER UN EXEMPLE ?
- Uh-uh !
- MERDE.
- Vous avez cru m'avoir, hein ? fit le cygne. Vous avez cru que je tomberais dans le panneau ? Vous avez cru que je vous chanterais étourdiment deux ou trois mesures de la chanson du camelot de Lohenshaak, hein ?
- CELLE-LA, JE NE LA CONNAIS PAS."
Le Cygne prit une inspiration profonde et laborieuse.
- " C'est celle qui fait "Schneide meinen Hals..."
- MERCI BEAUCOUP ", dit La Mort. La faux s'abattit.
" Ah merde !"
Un instant plus tard, le cygne se dégagea de son enveloppe corporelle, ébouriffa des ailes toutes neuves mais légèrement transparentes.
" Et maintenant ? fit-il.
- C'EST TOI QUI DECIDES. C'EST TOUJOURS COMME CA."
© Terry Pratchett
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